Bâillonner l’immonde parole ?

Depuis quelques temps, vous l’aurez noté, sévit la polémique autour des propos d’Éric Zemmour. Cet homme de communication – non pas journaliste – sait s’y prendre en matière de dérapages verbaux. Tout comme d’autres personnes aussi peu recommandables dans des domaines aussi variés que les médias, la politique ou que sais-je. Je pense notamment à G. Frèche, à Dieudonné ou encore J.M. Le Pen.

Je me suis toujours demandé s’il fallait relayer ces propos afin de les contrer ou les taire pour ne pas leur donner une résonance plus importante… En relisant et analysant les propos de Zemmour, je me rends compte que le problème qu’il évoque est pris à l’envers pour en arriver à des conclusions orientées.

Non, M. Zemmour, on ne devient pas délinquant parce qu’on est noir ou arabe comme si c’était un phénomène culturel ou naturel. Mais parce qu’on a plus de chances de sombrer dans l’illégalité si on est issu d’un milieu défavorisé et qu’on a moins facilement accès à la culture et l’instruction. Rajoutons par dessus le délit de faciès. Dans ces conditions effectivement, le chemin de la case prison est plus accessible pour certains. Nous obtenons ainsi les statistiques sur lesquelles s’appuie M. Zemmour : la plupart des petits trafiquants sont noirs ou arabes !

Confondre sciemment cause et effet est un tactique vieille comme le monde pour parvenir à la conclusion souhaitée. Le raccourci est facile et d’aucuns le manipulent très bien. C’est pourquoi je pense qu’il ne faut justement pas bâillonner mais plutôt contrer celui qui utilise ce procédé fallacieux.

Je laisse la conclusion à Caroline Fourest (journaliste au monde) qui, dans son excellent article, dit : « il ne s’agit pas « d’hitlériser » Eric Zemmour, mais de démentir un cliché de plus. On peut être journaliste, cultivé, et flatter l’instinct primaire. ».

Laisser un commentaire

Aucun commentaire pour l’instant.

Comments RSS TrackBack Identifier URI

Laisser un commentaire